Egypte – Russie : L’heure du rapprochement
En froid avec son partenaire américain depuis la destitution de Mohamed Morsi, l’Egypte veut se tourner vers la Russie. C’est, en substance, ce qu’a reconnu, samedi dernier, son ministre des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, quelques jours avant le passage d’une importante délégation russe.
Entre Le Caire et Washington, rien ne va plus. Il y a un mois, les Etats-Unis ont décidé de diminuer leur aide financière destinée à l’Egypte. Ce qui n’a pas arrangé leurs rapports bilatéraux, brouillés depuis l’accession du nouveau régime au pouvoir. Toutefois, le récent passage du Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a contribué à un certain apaisement.
Néanmoins, cela n’empêchera pas les autorités égyptiennes de recevoir, mercredi et jeudi prochains, les ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense. En toute logique, cette visite portera sur la diplomatie et la coopération militaire. A ce propos, M. Fahmy a indiqué que son pays entend développer son « indépendance ». Selon lui , « l’indépendance, c’est avoir le choix. L’objectif de (notre) politique étrangère est donc de dégager plus d’options pour l’Egypte ».
Par cette alternative, les deux pays tentent de renouer leurs liens historiques, vu que leur coopération a été intense entre les années 1950 et 1970. C’était avant que l’Egypte n’ait signé le traité de paix avec Israël en 1979. A partir de cet accord, Washington a commencé à verser au Caire, annuellement et régulièrement, une aide de l’ordre d’1,3 milliard de dollars. Cette importante enveloppe donnait tacitement aux USA le droit d’influer sur la politique égyptienne jusqu’à la destitution du président Morsi.
Au l’insu de la position américaine, le pouvoir actuel, par le biais de la nouvelle Constitution en cours d’élaboration, veut exclure la formation des Frères Musulmans, à laquelle appartient le président déchu. Les membres de ce parti et particulièrement ses ténors subissent de fortes répressions depuis juillet dernier, suivies de procès.