Algérie : Craintes de déstabilisation du sud du pays
Ces dernières semaines, la situation s’est détériorée à Ghardaïa, chef-lieu de la province éponyme, situé à 600 kilomètres au sud d’Alger, faisant craindre un conflit communautaire aux conséquences potentiellement graves pour le pays.
Les violences ont commencé le 26 décembre 2013, avec la destruction du mausolée d’un érudit, classé patrimoine mondial par l’Unesco, et de la profanation du cimetière où il se trouve. Ammi Moussa, mort en 1617, est le symbole de l’intégration dans cette région, après qu’il a pris la responsabilité d’intégrer les nomades (arabes) dans la ville (mozabite) en 1586. Cependant, le clivage communautaire a toujours été très fort dans cette ville 400 000 habitants dont près de 300 000 berbères, les équipes de football étant encore formées sur une base strictement communautaire.
La fragile cohabitation plusieurs fois centenaire entre les communautés mozabite (berbère) et chaamba (arabe) est aujourd’hui en péril. L’incident de décembre dernier a ouvert la voie à des heurts devenus récurrents, des destructions de biens, des fermetures d’écoles et de magasins. Trois personnes ont été tuées au cours de ce mois. Les deux camps se renvoient la responsabilité des violences et les rancœurs sont de plus en plus fortes. Les craintes d’une détérioration de la situation sont aggravées par le fait que les casseurs qui ont détruit des biens mozabites sont facilement identifiables, filmés dans des vidéos qui circulent sur Internet et que, malgré cela, ils semblent bénéficier d’une totale impunité.
Selon les experts, une déstabilisation de Ghardaïa entraînerait une déstabilisation de toute la région à proximité des zones pétrolières et des grandes villes du sud algérien, frontalières des pays du Sahel. Les autorités locales se sont montrées jusqu’à présent incapables de régler la situation du conflit entre les deux ethnies.