Maroc : Tendance des grèves en hausse
Environ 250 000 journées de travail perdues. C’est la conséquence de la forte recrudescence des grèves qui a caractérisé le monde du travail marocain en 2011. Pour les trois premiers trimestres de l’année passée, le ministère de l’Emploi a enregistré 356 grèves effectives, un record, alors que ce nombre s’élevait à 241 pour toute l’année 2010. Les revendications salariales sont toujours les principales raisons des grèves mais leur déclenchement a été encouragé par la tendance à la contestation initiée par le Printemps arabe depuis un peu plus d’un an.
Pour mieux prendre conscience de l’ampleur de la situation, il faut comparer les 250 000 journées de travail environ perdues en 2011 aux 77 277 d’il y a cinq ans. Sur les 9 premiers mois de 2011 passés au peigne fin par le ministère de l’Emploi, 265 établissements ont été touchés par ces grèves et la situation aurait pu tourner à la crise si, dans la même période, 727 projets de grève concernant 609 établissements n’avaient pu être évités.
Les causes de cette aggravation de la situation remontent pourtant à plusieurs années et sont revendiquées majoritairement par les salariés du secteur privé. S’estimant laissés pour compte dans les décisions prises dans le dialogue social en faveur des fonctionnaires et des retraités, ils estiment nettement insuffisants les dernières hausses du SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) à 272 dollars US par mois, souhaitant le voir passer à 355 dollars.
Si aucune solution n’est proposée rapidement, la situation ne pourrait que s’empirer surtout avec la tendance affichée ces dernières années de solidarité entre les travailleurs opérant dans des entreprises différentes.